En ces temps de confinement, quand les livres neufs sont inaccessibles sauf à en adopter la version numérique, une manière d'en savourer par avance la substance est d'en écouter les mots lus par un autre.
Quand cet autre est Guillaume Gallienne, sociétaire de la Comédie Française et l'animateur depuis 10 ans sur France Inter de l'émission "Ca peut pas faire de mal", dont c'était d'ailleurs la dernière, la lecture s'annonce sobre et délicate, la médiation enrichissante.
L'oeuvre est celle d'une jeune femme, Alicia Gallienne la cousine de Guillaume Gallienne, poétesse magnifique, morte à 20 ans. De sa cousine, Guillaume Gallienne raconte comme elle était belle, vivante, un modèle pour ses cousins, au point que sa mort marqua pour lui, Guillaume Galienne, le point de départ de sa vocation de comédien.
Réunis, 30 ans après sa mort, dans un recueil publié par Gallimard, les textes et poèmes d'Alicia Gallienne, écrits entre 17 et 20 ans, alors qu'elle se sait atteinte d'un mal qui l'emportera finalement à 20 ans, sont autant de lettres à des êtres chers; lettres sur l'Amour et la passion des jours, écrites hier pour être lues quand elle ne serait plus et pour que lui survive l'intensité des sentiments vécus.
Recueil lumineux, tendre et émouvant, "L'autre partie du songe m'appartient" donne à lire et entendre le talent fou d'une poétesse merveilleuse. On est frappé par la délicatesse des images et la maturité de l'auteure, comme si du dialogue entre la jeunesse et la mort, jaillissait des fulgurances de ce qu'aurait du être la vie d'une jeune femme talentueuse, amoureuse et séduisante et de ce qu'aurait pu être son oeuvre, au delà de ce qu'elle nous a laissé, si elle avait vécu.
L’autre moitié du songe m’appartient
Édition de Sophie Nauleau. Postface de Guillaume Gallienne